Le samedi 18 juillet 2020, une journée d’étude a été organisée à l’Université Al-Eamar de Guinée, par la direction du master FIAG, sous le thème central: “la microfinance en république de Guinée”, animée par Mr. Lamarana Sadio Diallo, représentant de l’ES Banque de Guinée, ancien D.G du crédit rural.
L’objectif de cette journée d’étude était d’outiller les étudiants dans le domaine de la microfinance, identifier ses opportunités et comprendre les problèmes liés au secteur.
Les thématiques de cette rencontre ont été axées sur l’historique de la microfinance, état des lieux, difficultés, principaux défis et les perspectives de la microfinance dans le long et court terme en république de Guinée.
S’agissant du premier point, l’intervenant rappelle que la microfinance est apparue au début de millénaire en Asie, puis en Europe (1849). Quant à la microfinance moderne, elle est apparue au milieu des années 1970 au Bangladesh et dans certaines régions de l’Amérique latine.
Elle permet, selon l’intervenant, d’avoir des appuis tels que:
- la micro-crédit;
- la micro épargne;
- la micro- assurance;
- et le transfert d’argent.
Soulignant ainsi, qu’il ya des différences entre microcrédit et microfinance inclusive:
- la micro-crédit: consiste à donner de crédit de faible montant à des personnes qui n’ont pas accès aux prêts bancaires. C’est qui le met dans le cercle de la microfinance.
- quant à la finance inclusive: elle permet d’accéder à un ensemble de services répondant à un besoin spécifique.
Les établissements de microfinance (EMF)
Selon l’intervenant, les EMF sont regroupés en trois catégories distinctes:
Sont classées en première catégorie, les établissements qui collectent l’épargne et accordent les crédits aux tiers.
Sont classés en deuxième catégorie, les établissements qui procèdent à la collectent de l’épargne de leur membre qu’ils emploient en opération de crédit exclusivement au profit de ceux –ci.
Sont classés en troisième catégorie, les établissements qui accordent les crédits aux tiers sans exercer l’activité de la collecte de l’épargne.
La microfinance en république de Guinée
Dans le contexte guinéen, Monsieur Diallo rappelle que la microfinance est apparue en 1984 avec le système libéralisme. D’après l’intervenant, le système de microfinance guinéen est inspiré de la Grameen Bank (littéralement, « Banque des villages »), créée officiellement en 1983 par Muhammad Yunus au Bangladesh, après avoir envoyé des une mission dans ce pays pour une formation. Ce qui a abouti à la création de la microfinance en république de Guinée.
« C’est surtout après la fermeture de la banque nationale du crédit agricole (BNDA) a cause d’une mauvaise gestion, que l’Etat guinéen et ses partenaires ont procédés à la création du crédit rural de Guinée », a-t-il souligné.
Il a par ailleurs mentionné qu’il ya de nos jours, une vingtaine d’institutions de microfinance en Guinée, dont 19 membres de l’association professionnelle des institutions de microfinance.
Quelques dates qui ont marqué la vie de la microfinance en Guinée :
2005: Réglementation du secteur de la microfinance en république de Guinée
2010: Mise en place d’un ministère en charge de la microfinance
2011: Création d’une agence nationale de la microfinance attachée à la présidence
2012: Élaboration de la stratégie nationale de la micro finance en Guinée
2017: Promulgation de la nouvelle loi sur les institutions financières.
Principales difficultés:
Pour les difficultés liées au secteur de la microfinance en république de Guinée, Monsieur Diallo a cité entre autres:
- coûts opérationnels élevés;
- portefeuille à risque élevés;
- insuffisance de ressources;
- lenteur du système juridique du pays dans la règlementation des problèmes;
- contraintes fiscales;
- système d’information et de gestion (SIG) non performant.
Causes des difficultés:
Selon Monsieur Diallo Lamarana, les causes liées aux difficultés confrontées dans le secteur de la microfinance en Guinée sont:
- l’inflation et la chute des pouvoirs d’achats;
- flambée des charges des IMFs;
- chute des revenus des IMFs;
- la situation socio-politique (avec des manifestations etc).
- la situation sanitaire (EBOLA en 2016 et COVID 19 depuis mars 2020).
Conséquences:
Toutes ces difficultés ont occasionnées des conséquences dont :
- déficits financiers des institutions de microfinance;
- faible capacité d’extension et d’expansion d’activités;
- insuffisance de financement pour la formation du personnel;
- difficultés du recouvrement des financements.
L’analyse du secteur:
L’analyse du secteur de la microfinance en Guinée s’est axée sur trois points: Les forces, faiblesses et les opportunités.
A- Les forces
S’agissant des forces, il a cité entre autres:
- la couverture des IMFs de l’ensemble du pays;
- des offres variées des produits et services;
- une expertise suffisante des acteurs;
- une culture de crédit en création dans le pays.
B- Les faiblesses
Les faiblesse du secteur se résument en deux:
- Taux de pénétration faible (environ 8%)
- insuffisance d’une politique promotionnelle pour sensibiliser:
- les acteurs politiques;
- les acteurs de la société civile;
- la presse;
- le système juridique.
C- Les opportunités
Quant aux opportunités liées au secteur de la microfinance en république de Guinée, l’intervenant a cité cinq points focaux:
- Reconnaissance de plus en plus du secteur
- Dynamisme du marché
- Le retour progressif de l’assistance internationale
- Le développement d’une stratégie nationale de la microfinance en Guinée
- L’engagement politique des autorités en faveur du secteur.
Menaces:
D’après l’intervenant, les menaces qui pèsent sur le secteur de la microfinance en Guinée sont:
- la paralysie des activités en raison de la COVID19;
- la prolifération des structures de microfinances fantômes;
- non remboursements des crédits;
- l’instabilité socio-politique;
- politisation de l’action de la microfinance.
Enfin, l’intervenant a souligné qu’un défi majeur reste à relever dans ce secteur, il s’agit de concilier la mission de lutte contre la pauvreté aux IMFs, assurer une articulation du secteur de la finance avec le secteur minier et promouvoir une politique fiscale favorable.
Mamadou Tafsir Baldé
Chargé des affaires culturelles